LA RIVIÈRE
Tu coules inlassablement au creux de ton lit
Sculptant la pierre de ton empreinte indélébile,
Sans jamais freiner ta course vers l’infini,
Tu submerges les plaines de tes humeurs fragiles.
Tes clapotis généreux ravivent nos cœurs,
Tendrement ils se jettent sur les roches
Formant une écume de couleur
Qui humecte les moindres poches.
Ton chemin est long et laborieux.
Dans les méandres des cavernes,
Tes flancs se gonflent de petits rus sinueux
Qui se déversent dans tes veines.
Sur les berges les grenouilles conversent.
Elles colportent les ragots des champs.
Sans t’en soucier tu les asperges d’une averse
Afin de calmer leurs verbes éloquents.
Du haut des cascades frémissantes,
Tu t’élances dans le tumulte
Pour mieux rebondir sur la roche saillante
Et te délecter des bulles qui culbutent.
Tu dévales les montagnes rebelles,
Abreuvant sur ton passage les troupeaux.
En te tortillant comme une jeune demoiselle
Qui ferait du charme à tous les badauds.
Puisant tes forces dans le tourbillon
Qui surgit des profondeurs agitées,
Tu reprends ta route dans le bouillon
Pour calmer tes ardeurs empressées.
De ci, de là, tu te reposes,
Chatouillée par les feuilles frivoles
Qui furtivement te caressent et osent
Te souffler des chansons un peu folles.
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Joëlle BARDOT |
le monde en poésie-peinture 
